Malheureusement, comme il avait éconduit la plupart des dames elfes vivant en Lorien de manière un peu brutale ou pour le moins assez peu élégante du temps où tout était calme dans son
calbut, il était grillé auprès de toutes les nanas encore disponibles autour de lui.
Le voyant ainsi en manque, astiquer… son arc de manière fébrile à longueur de journée, je décidais donc de l’expédier dans un club pour célibataire situé près de la mer de Rhûn. C’était
généralement là qu’on envoyait les jeunes pour leur « spring break » et Haldir allait y faire figure de vieux schnock mais tant pis. Là-bas, j’étais sûre qu’il allait trouver ce qu’il
désirait.
Dans ses bagages il avait emmené un bonnet de bain en caoutchouc, une bouée canard gonflable, un couteau suisse, une boite de sardine à l’huile périmée depuis 1953 et un petit itsi bitsi
teenie weenie, tout petit petit bikin… »
* * *
« Bon, Galadriel, c’est pas qu’on se fait chier là, mais j’ai autre chose à faire, alors mets le miroir en mode « avance rapide » et montre le moi en train de niquer avant que les nouilles
débordent ! », s’impatienta Melian
La souveraine de Lorien grogna un peu, elle aimait bien prendre son temps pour raconter les histoires mais elle s’exécuta se rappelant soudain qu’il y avait le mentaliste à la télé ce soir
là.
* * *
« Bon, ok, la puberté l’ayant enfin rattrapé, il était plus chaud que la braise et comme en plus c’était un camp de nudiste, il eut tôt fait de repérer un groupe de jeunes femmes elfes tout à
fait charmantes qui l’initièrent chacune à tour de rôle puis à plusieurs à la fois aux joies du sexe entre adultes consentants…Il fit également quelques expériences intéressantes avec de beaux
archers elfes venus de la forêt noire.
Hélas, les bonnes choses ont une fin. Ses devoirs en Lothlorien se rappelèrent à lui et il dut rentrer au bercail.
Oh c’est clair : il était comme qui dirait… soulagé d’un poids. Il avait perdu sa virginité dans la joie et la bonne humeur et ces quelques semaines au pays de Rhûn restèrent pour lui un
souvenir impérissable… Désormais, il ne se refusait plus aux courtisanes dociles qu’on lui présentait lors de ses voyages diplomatiques (bon, sauf quand je l’envoyais chez les nains évidemment,
car s’il y avait bien quelque chose qui rendait Haldir encore plus malade que l’idée de coucher avec des humaines, c’était sans nul doute celle de coucher avec des naines)
Cependant, maintenant qu’il était plus à l’aise dans ses godillots avec les femmes, il en voulait plus. Il voulait : l’amour !
C’est alors que sa route croisa celle de Kahlan Mamel, une « inquisitrice » venue d’un endroit appelé « Contrées du Milieu », et arrivée chez nous par la faille spacio temporelle qui relie
notre monde à toutes les dimensions parallèles possibles et imaginables.
Elle avait décidé de venir s’incruster en Lothlorien pour trouver un preux chevalier qu’elle pourrait ramener au Gandalf local afin qu’il soit nommé « sourcier de vérité » et mette fin au
règne d’un certain Darken Rahl.
Toute cette histoire me semblait être du grand n’importe quoi et, quand elle vint me demander audience, je lui fis savoir qu’elle pouvait retourner dans son monde sans plus attendre car
personne de chez nous ne serait disposé à l’accompagner dans sa quête débile.
Elle eut l’air un peu vexée quand je la congédiais et demandais à Haldir de l’escorter jusqu’aux frontières de notre royaume en lui souhaitant bon vent.
Alors seulement je réalisais mon erreur et l’étendue des pouvoirs de cette humaine ridicule.
Elle chopa Haldir par la petite broche en forme de feuille et sous mes yeux « convertit » mon capitaine des gardes pour en faire un esclave à sa solde. Sa magie était puissante car j’eus beau
tenter d’user de la mienne, Haldir était désormais amoureux transit de cette femme et aurait suivit ses ordres quoi que je tente de faire.
N’ayant pas d’autre choix, je dus la laisser partir avec lui et elle retourna dans sa « Contré du Milieu » avec Haldir la suivant comme un toutou lobotomisé…
* * *
Galadriel se rendit compte que personne ne l’écoutait plus et le fit remarquer en se raclant la gorge de façon fort peu distinguée pour une dame de si haut rang …
« Pardon, je m’étais égarée hors de la pensée et du temps, s’excusa Melian
- Moi pareil : je réfléchissais à ce que je vais prendre pour le second petit déjeuné… », ajouta Pippin
« Bon, vous voulez que je la finisse mon histoire, oui ou merde ?!!! »
Et elle reprit le récit là où elle l’avait laissé :
* * *
« Je ne sais pas exactement ce qui se passa dans cet autre monde, mais d’après ce que j’ai pu en voir dans mon miroir, la Mamel revint trop tard car un « sourcier de vérité » avait déjà
été nommé.
Cependant, à un moment, notre capitaine des gardes se retrouva malgré tout confronté au tyran Darken Rahl et le combat s’engagea entre eux. Leur façon de se castagner était totalement
identique et leur force absolument équivalente (Melian ajouta mentalement qu’ils étaient aussi sexy l’un que l’autre !) si bien qu’il fallut déclarer match nul.
Darken, ayant trouvé, sans savoir pourquoi, Haldir bien sympathique, lui octroya ainsi qu’à Kahlan Mamel, des terres dans son royaume s’ils promettaient de ne plus venir lui casser les
couilles. L’inquisitrice trouva la proposition très alléchante et décida d’accepter. Elle s’installa donc à la campagne avec l’elfe et ils menèrent une vie simple et funky.
Mais Kahlan avait beau avoir de grands pouvoirs, elle n’en était pas moins mortelle et l’âge finit par la rattraper : elle devint vieille, flasque et ridée… mais comme Haldir était toujours
sous l’influence de la « confession », il lui assurait chaque jour qu’il la trouvait sublime et qu’avec son goitre, elle ressemblait à une aquarelle de… Pablo Picasso.
Quand les années de sa vie furent totalement écoulées, elle s’éteignit dans une odeur d’eau de Cologne bon marché et de draps souillés.
Haldir fut libéré de la magie qui avait fait de lui un esclave pendant près de 60 ans et il put revenir dans notre monde. Mais il gardait en mémoire tous les souvenirs de cette période où il
avait été privé de libre arbitre et cela le traumatisait passablement.
Il avait ressentit l’amour passion auquel il aspirait à travers la confession de Kalhan Mamel et elle avait allègrement abusé de son corps durant toutes ces années.
Désormais, le sentiment amoureux n’inspirait plus que répulsion à Haldir et il ne voulait plus entendre parler de niquer avec qui que ce soit ! »
* * *
« Quoi ?! Tu veux dire qu’il a totalement renoncé aux joies du sexe ?!, s’exclama Melian
- Oui. Je veux pas jouer les psychologues de bas étages, mais je crois que pour lui, donner son corps reviendrait à perdre son âme…
- Mais c’est trop horrible ! Pauvre chouchounet, il faut que je trouve un moyen de lui redonner confiance en l’amouuuur ! »
Merry, Pippin et Galadriel regardèrent soudain ailleurs et Melian crut même entendre un « bah c’est pas gagné ! » étouffé.
Furax, elle s’en alla en maugréant un « grrr » dans sa barbe.
* * *
La nuit était calme et les petites loupiotes allumées partout dans les grands arbres lui donnaient un éclat irréel et envoûtant.
Melian quitta son talan en catimini et se dirigea vers la clairière de Galadriel. Une fois arrivée, elle se pencha au dessus de l’eau magique formulant sans un mot la question qui lui tenait à
cœur en espérant que le miroir répondrait.
Une scène se dessina alors avec un réalisme expressif saisissant dans le bassin, comme s’il reflétait soudain la réalité de l’expérience telle qu’elle est perçue par un individu particulièrement
doué, qui l’exprime dans un discours qui permet à d’autres individus de la reconnaître comme vrai !
« Oh non alors !! Pas question que je le laisse se casser à Valinor !!!! »
Contrariée au plus haut point, Melian quitta la clairière et rentrait chez elle perdue dans ses pensées quand elle percuta de plein fouet un torse viril et musclé : Haldir.
Avant de la reconnaître, il lui tendit la main pour l’aider à se relever et éberlué, il resta paralysé de stupeur quand elle le serra dans ses bras et lui fit un gros câlin avant de lui déclarer
:
« Un jour, tu seras mien et je serais tienne ; notre amour réciproque sera librement consenti et nos soupirs de plaisir résonneront dans les forêts qui dépérissent jusqu’à l’avènement d’une aube
nouvelle !!! »
Elle lui planta un petit bisou sur la joue et s’en repartit vers son talan mettre au point des stratagèmes pour modifier la vision qu’elle avait eu en consultant le miroir.
La regardant s’éloigner incrédule, il fronça les sourcils d’incompréhension et laissa quelques secondes s’écouler avant de lancer :
« Hey, Melian, arrête de fumer la moquette ! »
FIN